Vendredi Saint: Méditation sur la Passion de Notre Seigneur Jésus Christ.

1ère lecture Isaïe 52,13–53,12 Le Serviteur souffrant.
Psaume 30(31) Ô Père, en tes mains je remets mon esprit.
2è lecture Hébreux 4,14-16; 5,7-9 La souffrance dans l’obéissance.
Méditation;
Après la torture et les horreurs de toute une nuit; celui qui passait partout en faisant le bien est méconnaissable. Il correspond à l’image du Serviteur Souffrant décrit longtemps avant par le prophète Isaïe: » La multitude avait été consternée en le voyant, car il était défiguré qu’il ne ressemblait plus à un homme ».
Lorsqu’à Cana de Galilée Jésus disait à sa Mère: » Mon heure n’est pas encore arrivée, personne ne pouvait imaginer à quoi ressemblerait cette heure. En le regardant à cette heure d’effroi, il nous est bon de faire silence, de nous souvenir ses derniers gestes et de laisser ses dernières paroles résonner dans nos coeurs; de prier et de vénérer le signe qui nous rappelle jusqu’où Jésus est allé dans sa folie d’amour pour chacun de nous: la Croix. La contempler et se dire: « Le Fils de Dieu m’a aimé; il s’est livré pour moi.’’ Reste son visage. C’est Lui. Le visage d’un homme trahi, renié et livré aux tortionnaires et aux impitoyables bourreaux; un homme livré pour que nous, nous puissions avoir la Vie. Un homme sans péché souffrant à la place des pécheurs.
Quelques paroles, puis il se tait. Il a tout dit et tout donné. Après avoir donné son temps, son énergie, ses talents d’enseignant, ses soins aux malades et l’espérance aux mal- aimés de la société …Il ne lui reste plus qu’une chose à donner: sa vie. L’évangéliste souligne ceci: Jésus donne sa vie; on ne la lui prend pas. Il se livre lui-même » Ma vie nul ne la prend, c’est moi qui la donne » dit-il.
Ainsi nous pouvons dire que ce n’est pas tellement l’étendue de sa souffrance qui nous sauve, mais beaucoup plus la grande dimension de son amour. Il avait aimé les siens qui étaient dans le monde et il les aima jusqu’au bout.
La Passion de Jésus, c’est Dieu portant lui-même la souffrance humaine. C’est Dieu partageant la condition humaine. C’est Dieu allant avec l’homme dans les moments difficiles et désespérés de son existence , jusque dans la mort. C’est Dieu qui nous offre sa présence jusqu’au fond de nos abîmes. Son message est celui-ci: lorsque vous vous trouverez dans le trou noir, dans l’abîme du désespoir, Jésus sera là, présent à jamais pour vous tenir la main. Nous ne connaitrons plus jamais l’abandon total de Dieu.
Mais au moment de rendre l’âme, Jésus crucifié laisse échapper un gémissement qui est en même temps une demande: «J’ai soif ». Celui qui s’est dit source d’eau vive a soif. C’est son corps torturé qui a soif. C’est normal: Il a perdu beaucoup de sang dans la flagellation, dans le couronnement d’épines et tout au long du chemin vers le calvaire…Il peut bien être déshydraté; il peut bien avoir soif. Mais c’est la soif de Dieu qu’il exprime. De quoi Dieu peut-il avoir soif ? Dans la soif de Jésus, Dieu nous révèle la soif qui le brûle, le grand désir de son coeur: Il a soif de la réponse de notre amour à son Amour. Saint Augustin expliquait: « Sur la Croix Jésus a dit: J’ai soif ! Mais ils ne lui ont pas donné ce dont il avait soif. C’est d’eux-mêmes qu’il avait soif; ils lui ont donné du vinaigre.
Sur la Croix Dieu mendie ta réponse d’amour sincère à son Amour. Il veut que nous sortions de notre égoïsme, de notre trahison, de notre péché.
Lorsqu’il dit sur la croix: J’ai soif, ne soyons pas distrait par le visage défiguré, mais pensons à ceci: ‘’J’avais soif et vous m’avez donné à boire, j’avais faim…’’
Dans le fond du tunnel de notre vie il est là présent toujours avec ses bras ouverts. Voilà pourquoi la Croix de Jésus est notre gloire a dit Saint Paul. Morts avec Lui, nous vivrons avec Lui.
Abbé L Abraham